Laiton ou Bronze

Max Le Verrier  tricheur ou vulgarisateur ? 

Déroulement de cette enquête :

Zdeněk , membre de notre groupe est ingénieur métallurgiste et collectionneur de mortiers et entre autre, ceux de Max Le Verrier.

Il a donc eu  l'occasion de vérifier la composition des alliages de ses mortiers pour en connaitre la composition et fait une première analyse sur 2 mortiers: Surprise ! ils sont en laiton et m'en informe.

Ma première idée, il a acheté des faux ! Mais ces petits objets n'intéressent pas ou peu les faussaires.

Ma seconde hypothèse il a peut-être un peu triché pendant des périodes de pénurie pendant et après la deuxième guerre mondiale) où le bronze a été largement employé pour les armes et munitions.

La troisième, c'est une imposture !

Lui faisant part de ceci, il a immédiatement, pour lever ce doute, fait analyser 5 mortiers différents dans un laboratoire de l'institut de Prague de renommée internationale , d'année d'édition ayant toute les chances de ne pas être identiques.

Les résultats sont à télécharger sur ces liens.


Résultats des analyses

Version Originale en Tchèque:  

Version en français :

Version en anglais:


Ils sont tous en laiton !!! Et estampillés « BRONZE »

Ma première conclusion ; il a triché !!! Une surprise et à la fois une grande déception.

Cela ne convient donc pas et je décide de continuer mes investigations.

Je prends contact avec madame MARCILHAC à Paris Membre du S.F.E.P. (Syndicat Français des Experts Professionnels) qui me répond qu'elle a déjà enquêté sur un problème semblable pour une œuvre d'un autre artiste et me parle vaguement d'une taxe sur le bronze dont j'avoue n'avoir pas bien compris le sens mais semblais me dire qu'elle n'a pas vraiment résolu l'affaire.

J'ai donc repris l'enquête en orientant ma recherche sur des textes législatifs concernant le bronze.

Voici le lien vers le texte du Journal Officiel Original de 1935 page 2

Journal Officiel: Loi du 8 mars 1935

Soulagé !!! Il n'a pas triché. Il a respecté cette loi qui relate : Texte des 2 articles importants ci-dessous


Article 1

Il est interdit de mettre en vente et de vendre des objets d'art sous la dénomination de "bronzes" avec ou sans qualificatif, et composés d'un autre produit industriel que celui résultant d'un alliage métallique dans lequel le cuivre entre dans une proportion qui ne peut être inférieure à 65 % du poids total de l'objet manufacturé, le complément étant constitué par l'adjonction d'autres métaux.

Article 2

Les objets d'art en bronze dont la composition répondra aux prescriptions de l'article 1er de la présente loi devront, lors de leur mise en vente, porter obligatoirement le mot "bronze" gravé ou incrusté visiblement dans le métal.


Le laiton donc à cette époque avait le droit et l'obligation à l'appellation « Bronze »

POURQUOI ? Éléments explication !

- L'industrialisation des Fonderies est peut-être un élément de réponse.

« Durant toute la première décennie du XXème siècle, et particulièrement en 1906 et 1910, se succèdent des mouvements de grève dont la principale revendication est l'augmentation du salaire horaire. En 1906, les ouvriers réclament un minimum de 8 FF pour 10 heures de travail avec l'interdiction d'heures supplémentaires et la suppression du travail aux pièces, c'est-à-dire tarifé selon la production.

En 1910, Le conflit dure 10 semaines et s'achève en janvier 1911, les revendications des ouvriers n'étant pas satisfaites. Un véritable bras de fer oppose les ouvriers de fonderie aux patrons fondeurs. Il ne cesse qu'avec le déclin de cette industrie et la loi du 23 avril 1919 qui impose des journées de 8 heures avec un maximum de 48 heures par semaine.

En 1921, toute l'industrie du bronze rentre dans une crise profonde.

Les grèves de 1926 sont marquées par les luttes violentes entre ouvriers grévistes et ouvriers non-grévistes.

Parallèlement, l'engouement des classes moyennes pour le bronze disparaît comme un effet de mode.

Rapidement, les premières fonderies ferment leurs portes. Il n'existe plus que quelques fonderies d'art à la fin de la seconde guerre mondiale. D'une industrie de masse, les fonderies redeviennent artisanales. »

Cette loi tendais à les protéger par l'utilisation du métal noble et plus couteux pour des productions de qualité mais qui restaient accessssible par le libre choix du métal d'alliage avec le cuivre.

Rappelons également que les créateurs de l'Art déco s'éloignent des préoccupations sociales de l'Art nouveau, ouvert à un public de masse et opte sans hésiter pour une production de prestige, destinée à une clientèle snob constituée de couturiers, comédiens, écrivains à la mode, banquiers, industriels …

Sans doute aussi pour lutter contre l'utilisation importante du régule, apparu en Art à la fin du 19ème et largement utilisé en ce début du 20ème siècle.

Conclusion :

  • Le texte de loi de 1935  disculpe entièrement Max Le Verrier
  • Bien faire le distinction entre le bronze industriel et le bronze d'art dont les obligations d'appellation sont différentes. Le bronze d'art actuel n'impose encore actuellement qu'une teneur minimale de 85% de cuivre quelque soit le métal avec qui il est allié, la présence d'étain n'est pas obligatoire, le bronze industriel impose lui la présence d'étain et impose des normes beaucoup plus strictes. 
  • Exemples de Normes Internationales le laiton y étant classé à part: > Cliquez ce lien
  • Textes de loi en vigueur à ce jour: > Cliquez ce lien
  • Beaucoup d'autres œuvres doivent avoir ces mêmes caractéristiques.

Les travaux qu'il me semble à réaliser :

  • Analyse d'autres objets ou œuvres de Max Le Verrier
  • Analyse d'œuvres d'autres artistes contemporains de Max Le Verrier
  • Qu'en est-il dans d'autres pays.

Je remercie tous les participants, en particulier le sculpteur animalier Damien COLCOMBET pour sa disponibilité. Cliquez sur l'image ci-dessous pour accéder à son site.